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ecologie solidaire
 
 
Sauver Bové ?
 
La réponse est entre nos mains
La question essentielle aujourd’hui en politique est de savoir comment peser sur la réalité pour la transformer radicalement. Est-ce être plus près de la réalité que de se contenter de la « décrier » comme le fait si bien Besancenot ? Les luttes sociales perdent chaque fois un peu plus de leur efficacité car elles sont parfaitement assimilées par le pouvoir existant. Elles ont surtout une fonction régulatrice, elles servent à « exprimer le mécontentement, vider l’agressivité et le trop plein » et elles engendrent de surcroît du renoncement lorsqu‘elles n’aboutissent à rien. Elles aident à résister certes, mais ont du mal à combattre le pouvoir en place, sur lequel elles grignotent si peu ! Autrefois ligotées par le politique, elles ont à leur tour ligoté le politique, accusé d’être déconnecté des réalités sous prétexte qu’il ne prenait plus appui sur elles. Cette concurrence insensée entre le social et le politique atteint aujourd’hui les limites de son inefficacité, faut-il continuer à l’entretenir ? Quant à la politique, elle ne se résume certes pas aux élections mais le combat politique peut-il se passer des élections ? Allons nous laisser l’espace politique aux seuls réformistes et nous marginaliser dans des espaces de repli, avec l’illusion de croire qu’on est plus près de la réalité parce qu’on n’est pas dans le compromis ou qu’à jouer au jeu électoral, on perd forcément son âme révolutionnaire ?

L’écologie solidaire, politique et sociale est le seul paradigme politique où j’ai trouvé un potentiel de créativité et d’alternative pour penser une transformation crédible de la société. Mais sans espace politique pour la faire vivre comment espérer la développer, la faire partager et la faire gagner dans les consciences et dans les urnes ? Il faut lui trouver un espace entre l’environnementalisme aseptisé et les défenseurs d’une société capitaliste à l’envers.
Il faut certes la faire vivre dans des associations et des expériences coopératives qui serviront de démonstrations et de leviers aux revendications politiques qui prônent « qu’un autre monde est possible ». Mais ces microexpériences trouveront leurs limites si elles n’ont pas un jour le débouché politique qui permettra de les généraliser à une grande échelle et qui engendrera la transformation attendue.
La réalité du panorama politique aujourd’hui pèse sur l’écologie politique coincée entre des espaces, très à gauche qui restreignent sa radicalité écologique, et des espaces moyennement à gauche qui restreignent sa radicalité sociale. Il faudrait donc déplacer le curseur non plus sur une ligne de plus ou moins à gauche mais à gauche différemment sur un autre paradigme.

Avec les échéances européennes, les choix sont restreints car ils nous enferment tous sur une ligne plus ou moins à gauche et n’offrent pas la possibilité d’un levier différent. On aurait pu imaginer qu’un rassemblement des forces écologiques puisse servir de tremplin à des pensées politiques radicalement nouvelles. Les têtes d’affiches proposées par les Verts et les centrations sur des propositions exclusivement régulatrices de l’appareil capitaliste n’en prennent pas le chemin.
La candidature de Bové pourrait être l’occasion de se donner le levier dont nous avons besoin. Mais pour que cette candidature devienne un levier et non pas « une descente aux enfers », il faut réunir les conditions qui renverseraient la donne dans la grande région du Sud-Ouest. Est-ce possible ? La réponse est entre nos mains et dans notre capacité à y croire. Qui aurait pensé à l’époque du référendum sur le traité constitutionnel qu’une telle force politique et citoyenne, des comités du « non », allait se développer et renverser les consensus habituels ? On peut aussi se dire qu’on va passer le tour, encore pour une fois, en attendant des circonstances plus favorables. Mais ces circonstances arriveront-elles un jour, y aurait-il une main invisible et bienveillante à laquelle on pourrait s’en remettre pour des jours meilleurs ? Ne faut-il pas commencer à labourer des espaces pour y semer très vite les graines de l’écologie politique ? Le débat est ouvert, et j’en conviens, tout dépendra de la qualité du terrain labouré.

Martine Alcorta
 

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