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A droite toute !
Les félicitations de Michel Barnier adressées à Daniel Cohn-Bendit ne sont rien moins qu’anecdotiques. Elles expriment le fond d’une situation que beaucoup d’observateurs et de militantEs constatent depuis de longs mois : la dérive à droite de la frange des écologistes regroupée autour des Verts. Il ne s’agit en rien d’un jugement de valeur mais un constat accessible à ceux que n’aveugle pas l’esprit de boutique si répandu dans cette mouvance. Certes, il faut faire la part des aspects tactiques de l’opération. De même que la droite agite le NPA pour affaiblir le PS, elle médiatise à outrance « Europe Ecologie » pour limiter l’influence du Modem. On remarquera que ces deux mouvements chassent sur les mêmes terres, celle du centrisme et partagent le même électorat, les catégorie supérieures. L’omniprésence de DCB dans les médias contrôlés par la droite s’explique aussi par un « effet de génération », une complicité liant les jeunes libertaires devenus de vieux libéraux qui dominent pour un temps encore les rédactions. Mais l’essentiel n’est pas là, il repose sur une orientation que les propos de DCB en Italie révélant bien mieux que des textes de Congrès tombant en poussière le lendemain de leur publication !

Après le naufrage de la candidature de D. Voynet, les Verts n’ont pas eu d’autres solutions que de se lancer dans un rassemblement qui s’appuie sur trois postulats :

La fin du clivage droite/gauche
En demandant aux Verts italiens de regarder aussi du coté de Berlusconi, DCB met dans le même sac la gauche « démocrate » et le régime autoritaire du premier ministre. Bien sur l’affrontement gauche/droite est en partie un théâtre d’ombre ou des variantes souvent proches d’un même système se disputent le pouvoir. Mais, surtout en France et en Italie ou la droite à pour projet la remise en cause de l’ensemble des acquis de l’après-guerre, ce clivage est aussi un reflet de la lutte des classes. Or précisément pour les Verts, les classes n’existent pas. C’est aussi le sens de l’anti communisme et de l’anti gauchisme viscéral véhiculé par cette organisation.

La réunification de la famille écologiste
La tentative avortée d’alliance avec les amis d’Antoine Waechter dont beaucoup d’élus siégent avec la droite n’est pas une mince affaire. Elle résonnent comme une volonté non pas de retour au « ni-ni », mais l’annonce officielle de la disponibilité des Verts pour des alliances à géométrie variables par exemple dans les prochains mois avec le Modem.

Le capitalisme Vert
Le projet d’EE est pour le moins flou. Et pour cause il se concentre sur des mesures techniques souvent pertinentes mais ne dit rien des rapports sociaux ou de la production. C’est qu’en fait l’économie de marché comme l’a souvent répété DCB reste l’horizon indépassable de nos sociétés. Alors que la crise actuelle montre bien la convergence des urgences sociales et écologistes. Il n’est plus possible aujourd’hui d’être écologiste sans penser en même temps le dépassement du capitalisme. Ce qui ne signifie évidemment pas « attendre le socialisme » comme le caricature DCB. Le capitalisme Vert fut-il présenté comme « Green New Deal » est une impasse s’il ne s’articule pas avec une projet de société éco-socialiste.

Au total il se peut que l’écolo-centrisme reste pour quelques temps la tendance dominante mais d’ores et déjà le potentiel de subversion, l’imagination, le bouillonnement des idées et des alliances sont du coté des partisans de l’écologie radicale, de la décroissance, qui toute proportion gardée ressemblent fort aux premiers moments de l’écologie politique. Les Verts sont comme ces astres qui continuent de briller alors qu’ils sont morts depuis longtemps. Il est temps de passer à la suite de l’histoire !

Jean-Pierre Lemaire
 

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