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NPA : histoire d’une mystification

1 – Une réussite apparente

Depuis l’élection présidentielle tout semble réussir à la LCR. Son porte-parole est omniprésent dans les médias comme en témoigne la consécration obtenue sur le divan de Michel Drucker. Sa cote de popularité est au zénith dans les sondages où il talonne les figures de proue de la gauche classique Ségolène Royal et Bertrand Delanoë. Et même, honneur suprême, il fait l’objet d’un groupe de travail spécialement réuni pour le contrer par un PS inquiet réduit à mobiliser ses spécialistes es trotskisme patentés Julien Dray et Jean-Cristophe Cambadélis. Certes la percée dans l’opinion d’Olivier Besancenot (ne le crédite-t-on pas de 7% des suffrages en cas d’élection ?) n’est pas tout à fait innocente. Les déclarations de Nicolas Sarkozy, rapportées par le « Canard Enchaîné » sont de ce point de vue tout à fait éloquentes. La droite, empoisonnée pendant des années par Jean-Marie Le Pen pourrait en retour favoriser la LCR dans le but évident d’affaiblir le PS. Mais au delà des calculs politiciens des uns ou des autres, il n’en demeure pas moins qu’une certaine dynamique se fait autour du projet de « nouveau parti anticapitaliste ». Il est vrai que dans un contexte de défaite de la « gauche de la gauche », il est tentant de se raccrocher à ce qui semble marcher, d’autant que la LCR donne l’impression d’une remise en cause et n’hésite pas à se dépasser tandis que les autres forces PC ou Verts campent sur leurs certitudes et leurs capacités infinies d’immobilisme.

2 – Un projet sans ambition

Mais derrière la façade du rassemblement se dissimule la réalité d’une perspective beaucoup moins brillante et beaucoup plus traditionnelle. Officiellement le NPA se veut une tentative « d’unité par le bas », les accords au sommet ayant, selon la LCR, capoté depuis des années. Mais n’est-on pas en droit de s’interroger sur les responsabilités des amis d’O. Besancenot dans cet échec ? Si à l’évidence à plusieurs reprises, la LCR a joué le jeu de l’unité, il est tout autant frappant de constater qu’au moment de concrétiser un processus de dépassement, elle s’est toujours dérobée privilégiant l’affirmation de sa propre organisation.
Sans revisiter l’histoire des trois décennies précédentes, à deux reprises au moins, on a pu observer cette situation : au moment de la candidature de Pierre Juquin aux élections présidentielles de 1988 (les amateurs liront avec profit les mémoires de Gérard Filoche) et bien sûr plus récemment avec le lamentable épisode de la pseudo-tentative de candidature unique aux présidentielles de 2007.
En réalité avec cette initiative, la LCR lance une OPA hostile sur la gauche radicale. En s’adressant aux seuls individus et non aux forces organisées, l’objectif est de « plumer la volaille » et de récupérer des militants venus du PC, des sympathisants de LO ou de la mouvance alternative et surtout les animateurs de ces différentes sensibilités. Dans ces conditions c’est autour de la seule LCR comme colonne vertébrale que se construit le NPA.
En dehors de l’illusion qu’une alternative à gauche peut se construire à partir d’une seule organisation, une deuxième impasse se profile : celle d’un parti de supporters. La présidentialisation de la vie politique contemporaine est un fait acquis qu’il est inutile de nier. Mais si on l’on ne peut faire l’impasse sur la personnalisation qu’elle suppose, peut-on construire en quelque sorte sur du sable en tablant malgré les précautions d’usage sur la seule popularité d’un leader qui comme tous les phénomènes de mode risque d’être bien éphémère ? D’autant que la plus grande fragilité du processus reste le refus de la prise en compte de la diversité des approches pour faire apparaître une force crédible en dehors du PS.
Une telle ambition supposerait de rassembler des dizaines de milliers de personnes autour d’une nouvelle synthèse du meilleur des traditions de l’écologie et de la gauche de transformation. Avec de vagues références « guevaro-libertaires » ou le ralliement de sympathisants de la défunte « Action Directe », on est vraiment loin du compte.
Enfin, reste la question du « Front unique ouvrier » partie intégrante de la tradition trotskiste et que les amis nouveaux et anciens d’ Olivier Besancenot réduisent à une simple unité d’action ou de très théoriques perspectives de « gouvernement ouvrier ». En clair pas question, sous peine de compromissions, d’avancer un projet de politiques clairement opposées au sarkozysme mais susceptibles d’être mis en œuvre par tout ou partie du PS. Pas question donc de réfléchir à des mesures qu’un gouvernement de gauche pourrait prendre pour améliorer la situation des salariés dans ce pays.
Sur ce problème, je renvoie à la tribune de Politis rédigée par Martine Billard qui souligne les impasses d’une orientation qui sous prétexte d’une coupure bien réelle entre deux gauches, évacue la question de l’unité pour, en dernière analyse, le plus grand profit des sociaux-libéraux.

Jean-Pierre Lemaire
 

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