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Clairement contre l’illusion du capitalisme vert
Le capitalisme a une capacité indéniable de se rénover et, même mieux, de s’adapter aux évolutions économiques et sociales, grâce à un sous-système intégré : celui des crises périodiques. Quelques unes de ces crises se rapprochent en effet de très très près, de la crise fatale, la crise systémique.

Et nous y sommes cette fois-ci ! [1]

Hélas, les forces de gauche qui pourraient le pousser aux cordes ne sont pas au rendez-vous.
Une de très probables voies de sortie de cette crise du capitalisme, tant dans les pays développés que dans les pays dits « du Sud », ce sera la sortie par de très très gros investissements dans l’équipement à vaste échelle de mega-installations fournitrices d’énergies propres dans le gros marché à venir des fameuses « mises aux normes » des habitations en matière d’économie d’énergie et de chauffage ; dans l’organisation vaste qui subiront les transports et les modes de mobilité ; et j’en passe.
N’oublions pas tout de même que d’autres sources de rentabilité capitalistes peuvent encore jouer dans la sortie de crise. C’est le cas dans le domaine des transmissions électroniques avec toute sa gamme d’appareils dont beaucoup de régions du globe sont encore « sous-équipées ».

Dans la logique du système, se suivra une phase de redistribution interne entre les grandes firmes capitalistes des nouvelles sources de rentabilité, qui se fera aux dépens des classes défavorisées (en y incluant une bonne partie des classes moyennes), induisant des coûts sociaux reportés sur la société et en pillant les populations du Sud. Et c’est reparti pour une prochaine crise du système !
Comment sera-t-elle cette prochaine crise ? Elle aura la forme d’une grosse bulle verte ! Une bulle qui gonflera à force de « mesures vertes », des investissements soi disant « propres », tout cela dans le cadre du productivisme et d’inégalités sociales.

Ce thème sera le discriminant majeur entre nous et les écologistes dits « de l’accompagnement social ». Ceux-ci seront de plus en plus choyés par les cercles intellectuels fabricant des discours politiques pour la classe politique et les grands médias.

Nous risquons donc d’être les héritiers des écologistes 1.0, cibles des « amabilités » de la presse (« idéalistes partisans de la lampe à huile », farfelus, bordéliques) qu’ont bien connu ceux de la première vague écologiste, celle qui s’est échouée sur l’expérience de la Gauche Plurielle et dans le soutien au libéralisme sur la question européenne.

Par contre, les écologistes à la Hulot et à la Cohn-Bendit, malgré chez certains la mine défaite à cause des résultats du Grenelle de l’Environnement qui les avait tant emballés, ils ont vocation à être la caution légitimante du capitalisme vert. L’entente entre ces écologistes risque d’être mise à rude épreuve. Des divergences pourront apparaître parmi eux, ouvrant de nouvelles fractures et recompositions.

Du capitalisme vert, voué à une nouvelle crise à terme, sortiront des mesures - repiquées des propositions émanant des courants écologiques - allant dans le sens du « développement durable » (polluer moins pour polluer plus longtemps) ? Certainement, mais nous devrions alors combattre l’illusion que ces mesures, qui sauvegardent leur démarche productiviste, pourraient nous sortir de la crise écologique mondiale.

Reste la question : en quoi nos positions se différencient de celles des « verts-système » ? C’est ici que nous devons, d’une part, privilégier certaines alliances politiques, pour être cohérents avec nous-mêmes et ensuite pour aller vers une masse critique de « convaincus de nos thèses partagées » pour pouvoir peser politiquement sans besoin d’accommoder nos idées pour qu’elles deviennent acceptables par des gens que ne les partagent même pas.

Albano Cordeiro, Comité de liaison du Rassemblement de Miremont

[1Frédéric Lordon, « Jusqu’à quand ? Pour en finir avec les crises financières », éd. Raisons d’agir, 2008

 

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