Une fois de plus un peuple européen directement consulté a dit non à un texte qui lui propose de s’engager sur un chemin dont il devine les pièges. Pas plus que les Néerlandais ou que les Français, les Irlandais n’ont dit non à l’Europe. Ils ont refusé un texte, un TCE à peine remanié en « minitraité », qui sous prétexte d’améliorer la gouvernance européenne nous engage sur le chemin d’un libéralisme fou, où « la concurrence libre et non faussée » tient lieu de dogme unique pour faire advenir une « économie hautement compétitive ».
Le pays du Trèfle a ainsi empêché qu’un feu vert soit donné à une Union toujours plus productiviste. Pour le Vert que je suis, nos amis irlandais nous ont rendu service. En montrant que si l’Europe consensuelle à laquelle nous ne devrions que dire « oui » est celle qui émet des directives scélérates contre l’immigration, si c’est l’Europe qui fait la part belle aux projets de Sarkozy-Berlusconi... eh bien tout simplement, ce n’est pas de cette Europe là que nous voulons…
Le texte refondant l’équilibre et le fonctionnement institutionnels de l’Europe n’aura de légitimité que démocratique. Pourquoi ne pas reprendre l’idée poussée par Jean-Luc Mélenchon que le Parlement, avant la future élection, reçoive mandat d’élaborer le traité définitif, y compris en tirant parti des meilleurs éléments du texte du « mini traité » ? Les électeurs des prochaines élections seraient dans ce cas consultés sur des problèmes de fond, et voteraient pour des candidats défendant un programme. Ensuite, le texte qui en résulterait serait soit adopté par un referendum simultané de tous les pays, soit par un vote simultané (référendaire ou parlementaire selon les pays), soit au pire en ordre et selon des procédures dispersés.