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D’une crise à l’autre

Tandis que l’attention des médias et de l’opinion est tournée autour de la crise bancaire et financière mondiale, une « autre » crise, planétaire, elle aussi, continue à se développer lentement loin des regards et des pulsions frénétiques des places boursières.
Selon un article paru dans The Independant, le 23 septembre 2008, les scientifiques ont la preuve aujourd’hui que les fonds marins de l’Arctique commencent à libérer dans l’atmosphère des millions de tonnes de méthane, un gaz à effet de serre bien plus puissant que le dioxyde de carbone. Embarqués à bord d’un navire scientifique, longeant les côtes nord de la Russie, les chercheurs ont observé à la surface de la mer, le bouillonnement provoqué par l’émission du méthane. Il est probable que sous l’effet du réchauffement climatique actuel, le « couvercle » de pergélisol [1] qui repose sur les sédiments sous-marins commence à fondre, laissant fuir des concentrations intenses de méthane couvrant des milliers de kilomètres carrés sur le plateau continental sibérien.
« Une vaste zone d’intense libération de méthane a été découverte, indique l’un des responsables de l’expédition (…) pour la première fois, nous avons observé une zone où la libération est si intense que le méthane n’a pas eu le temps de se dissoudre dans l’eau de mer, mais arrive sous forme de bulles de méthane à la surface (…) A certains endroits, les concentrations de méthane atteignaient 100 fois les niveaux habituels. Ces anomalies ont été constatées dans la mer de Sibérie orientale et la mer de Laptev. Elles portent sur plusieurs dizaines de milliers de kilomètres carrés, et totalisent des millions de tonnes de méthane ».
Or le méthane est un gaz dont l’effet est 20 fois plus puissant que le dioxyde de carbone et sa libération pourrait accélérer le réchauffement climatique de la planète à travers un gigantesque processus de rétroaction, rendant le processus irréversible et hors contrôle. Alors que la région de l’Arctique a connu une hausse des températures moyennes de 4 degrés centigrades au cours des dernières décennies, le déclin de la banquise, voire sa disparition, accentuerait le réchauffement climatique, l’océan absorbant beaucoup plus la chaleur du soleil que la surface réfléchissante de la glace.
Et pendant ce temps là, le charbon est l’énergie dont la consommation augmente le plus, en particulier dans les pays émergents. Et pendant ce temps là, les émissions mondiales de CO2 ont augmenté ces dernières années plus rapidement que la demande d’énergie. Et pendant ce temps là, les sources d’énergie non émettrices de gaz à effet de serre continuent à rester marginales dans le bouquet énergétique mondial…
Qui a dit que l’humanité avait pris conscience de la crise écologique ?

Alain Coulombel

[1Le pergélisol est un sol qui se maintient constamment à une température égale ou inférieure à 0°C durant au moins deux ans.

 

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